Le financement d’une entreprise est l’un, si ce n’est le, sujet de préoccupation principal des entreprises. Et pour cause, de mauvais choix au démarrage peuvent avoir des incidences sur toute la vie de votre entreprise, qu’elle soit longue ou courte! S’il y a des erreurs qui peuvent et doivent être évitées, d’autres arriveront inéluctablement. C’est un sujet complexe et vous constaterez à quel point les enjeux sont multiples en lisant le récit de mon expérience. Vous aurez ainsi une idée des erreurs à ne pas reproduire, mais aussi quelques conseils et avertissements qui devrait vous être utiles pour un financement d’entreprise optimal et durable.
Mon parcours : Un démarrage précaire
J’ai décidé de créer mon entreprise dès que j’ai enfin pu rembourser mes dettes étudiantes. J’avais hâte de sortir du marché du travail et de réfléchir à la manière dont je pouvais démarrer mon projet entrepreneurial.
La toute première aide dont j’ai bénéficié est une contribution financière qui s’apparentait au chômage (qui s’appelait STA – Soutien au Travailleur Autonome). Cela n’a duré qu’un temps et une fois le programme terminé j’ai dû puiser dans mes maigres économies puis dans mes REER afin de payer mes frais : loyer, obligations financières personnelles, équipement de mon bureau à domicile, premiers outils de production, emballages et ingrédients…
Heureusement, j’ai remporté plusieurs concours dont les prix en argent m’ont permis de renflouer mon encaisse… sans pour autant me rémunérer. Il me fallait pour autant survivre, alors j’ai dû sous-louer mon appartement et me mettre en colocation. Mon confort de vie s’en est vu considérablement réduit, mais ce n’était que le début des sacrifices.
Par bonheur, j’ai été acceptée au programme STA du SAGE Montréal (aujourd’hui rebaptisé l’École des Entrepreneurs du Québec). Le revenu touché pendant ces 8 mois m’a beaucoup aidé pour peaufiner, l’esprit un peu plus tranquille, mon plan d’affaires et développer mon entreprise.
Très vite l’aide a pris fin et je me suis à nouveau retrouvé en manque de liquidités. Après avoir encore puisé dans mon REER, je me suis mis à faire quelques contrats de traduction. D’autre part, si vous en avez l’opportunité, vous pouvez également faire appel à vos proches pour vous soutenir à cette période (ce qu’on appelle le Love Money).
Mes fonds étant toujours insuffisants, il est venu le temps d’aller voir ma banque. J’ai obtenu une très petite marge de crédit et cela m’a fait réaliser qu’à présent je représentais plus un risque qu’une opportunité aux yeux du banquier. Passer d’employé à entrepreneur n’est pas un changement positif pour l’accès au financement. On ne voulait plus m’accorder de dette ou très peu, à moins d’avoir des actifs à mettre en garantie, ce qui n’était pas mon cas. Même après avoir fait grandir mon chiffre d’affaires et élargi ma clientèle, mon accès au financement bancaire traditionnel demeurait très problématique.
J’en ai tout même rencontré un banquier sur mon parcours qui a cru en mon projet et a pris un risque en m’accordant la marge de crédit maximale à mes débuts. Je lui en suis encore reconnaissante à ce jour.
Enfin, j’ai pu obtenir un financement sous forme de prêt personnel auprès de la Fondation Canadienne des Jeunes Entrepreneurs, remboursable avec un congé de capital de 2 ans. J’ai ainsi pu envisager recruter mon premier employé…
Le pacte avec… le premier salarié
Le recrutement du premier salarié ou associé ça passe ou ça casse. C’est la première importante obligation financière de l’entreprise et il peut aussi devenir votre premier investisseur. C’est souvent l’aide salutaire qu’il vous manquait, vous pourrez vous reposer sur lui et vous défaire de certaines responsabilités ou tâches chronophages.
Souvent, le premier employé va s’investir plus qu’un salarié normal par rapport à sa rémunération. La charge de travail est souvent plus grande que notre capacité à le payer. Alors il arrive d’avoir le sentiment qu’il y a une dette qui se crée. L’erreur c’est de choisir de compenser cette dette en voulant le payer trop par rapport à vos capacités, ou pire, en accordant des parts de l’entreprise. Il est important de se défaire de ce sentiment de dette, car un salarié ne vivra jamais le même stress que vous, ni les obligations et risques financiers.
N’ayez pas peur de laisser partir votre premier salarié, car cela pourrait vous coûter très cher de vous sacrifier pour le garder (déjà si vous le payer il ne travaille pas bénévolement contrairement à vous!). A moins qu’il ne soit prêt à prendre des risques financiers avec vous et qu’il soit investi personnellement dans le projet, le premier employé ne sera pas nécessairement un bon associé.