En matière d’entrepreneuriat, on projette très souvent des attentes élevées, voire parfois irréalistes sur la performance financière des entreprises. On nous parle souvent du cap des cinq premières années, qui sont les plus difficiles, mais ce n’est qu’un cap de survie et rien ne garantit que vous serez rentable en l’ayant atteint.
En effet, cela peut prendre de nombreuses années pour asseoir une certaine stabilité financière, peut-être 10 ans, peut-être même davantage. On comprend rarement la fébrilité financière omniprésente avec laquelle les entrepreneurs doivent composer car on n’en parle pas. Exprimer cette information une fois que l’on a franchi le cap de la rentabilité est bien plus simple que de l’exprimer alors qu’on ne sait pas encore si on va y parvenir. Bref, avec le recul, je souhaite maintenant démentir certains préjugés afin de donner des repères plus réalistes et une mesure de succès plus accessible aux entrepreneurs en devenir ou en démarrage.
Mythe no. 1 : «Pour se partir en affaires ça prend de l’argent»
On croit à tort qu’il faut avoir de l’argent pour démarrer une entreprise. Pourtant, avec beaucoup de créativité, de courage et une aptitude à travailler fort pour atteindre des objectifs à plus long terme, on peut y arriver. Certes, le niveau de prise de risque n’est pas le même si on si on peut compter sur le soutien financier de la famille (Love money) lorsqu’on débute une aventure entrepreneuriale.
Je serais curieuse de savoir combien d’entrepreneurs ont réussi à démarrer avec très peu de moyens comparativement à ceux qui avaient un contexte financier favorable… Car je peux vous dire que cela existe puisque c’est mon cas et j’en connais d’autres comme moi. Quand on démarre une entreprise avec des ressources très limitées, on est très minutieux et diligents avec nos moyens car la marge de manœuvre dont on dispose est très restreinte.
La peur de l’échec est omniprésente car on sait qu’il n’y aura pas de parents fortunés pour nous soulager de notre échec… Quand faire faillite rime avec tout perdre et réellement recommencer à zéro (perdre son logement, sa voiture, se retrouver avec absolument rien), on peut dire que l’effet dissuasif de l’échec est très fort : au-delà d’une question d’orgueil, c’est une question de survie.
Néanmoins, ceux qui ont peu de moyens démarrent des entreprises plus lentement, à plus petit déploiement et ils la font croître à leur mesure et à celle du financement auquel ils auront éventuellement accès. À propos du financement, j’ai écrit un article plus complet sur le sujet ici. Ainsi, le cheminement est différent mais le résultat peut être tout aussi concluant.
Mythe no. 2 : «Quand on est en affaires il faut saisir toutes les opportunités»
Avoir une entreprise permet de saisir des opportunités d’affaires, mais sont-elles toutes réellement pertinentes? Faut-il exporter partout à tout prix par exemple? Malgré le fait que la croissance des revenus est un pilier important de survie d’une entreprise, une croissance mal gérée ou mal planifiée peut rapidement se solder en faillite. Il est difficile lors du démarrage de savoir quelles opportunités vont rapporter davantage sur le long terme, toute est une question d’essai et d’erreur. Mais une chose est certaine, on doit rapidement apprendre de nos erreurs car les mauvais coups peuvent avoir un impact significatif sur la santé de l’entreprise.
Ainsi, il demeure difficile de renoncer à certaines occasions lorsque nous souhaitons accroître le chiffre d’affaires de notre entreprise mais cette sagesse acquise avec l’expérience est de mise et permettra à l’entreprise de déployer ses ressources sur les occasions les plus bénéfiques pour assurer sa pérennité. Une vision claire, bien définie et très ciblée permettra d’éviter certains échecs… car il y en aura toujours!
Mythe no. 3 : «L’entrepreneur fait plein d’argent»
On croit que les entrepreneurs font forcément plein d’argent. Ceci est une fausse perception malgré le fait que certains entrepreneurs gagnent, ou semblent très bien gagner leur vie.
En effet, certains entrepreneurs ont des niveaux de vie de loin supérieurs à leur capacité à payer pour bien paraître, au détriment de la santé financière de leur entreprise. La vérité c’est que ça prend du temps pour la plupart d’entre eux d’atteindre un niveau de salaire décent et même là on parle d’un sujet très subjectif… L’entrepreneur a en général le bien de son entreprise à cœur et il va réinvestir ses profits pour la faire croître. Ce qui veut dire que qu’il n’est pas rare de voir des présidents de petites entreprises avec des voitures bien ordinaires…
Ainsi, c’est plutôt un choix de vie qu’un statut socio-économique le fait d’être entrepreneur. Il n’en demeure pas moins qu’on peut très bien arriver à très bien gagner sa vie mais ce n’est pas la réalité de la majorité. D’ailleurs, vous voulez savoir combien je me paye?