Vous voulez plaire à tout le monde? Partie 2

Dire non à ses employés

La frontière entre entrepreneure et psychologue est parfois vraiment mince. C’est probablement le plus éprouvant à gérer. Je ne sais pas si c’est mon parcours en psychologie, mais je me suis retrouvée un grand nombre de fois à gérer des problèmes personnels de mes collaborateurs, ou encore des sollicitations financières.

Les employés seront toujours plus exigeants envers vous, qu’envers eux-mêmes, ils attendent de vous toujours plus de reconnaissance, d’argent, de soutien… Et c’est humain de vouloir y répondre. Mais vous ne pouvez pas vous le permettre, il faut vous protéger et créer une distance respectueuse avec vos employés. Le risque? Perdre de l’argent, créer une familiarité malsaine entre vous et vos employés, perdre votre crédibilité et finalement mettre en danger votre entreprise. J’ai commis toutes les erreurs imaginables, je vous en épargne, mais surtout ce que j’ai compris c’est que votre employé le plus important c’est : vous-même. Si vous ne pensez pas à vous, à votre santé physique, affective et financière, personne ne le fera à votre place. Assurez-vous de vous faire justice avant d’essayer de plaire aux autres à tout prix.

Vos employés ne connaissent pas votre réalité économique. Face à une sollicitation financière, il est toujours difficile de dire : «Je n’ai pas les moyens de te rémunérer 10K$ annuel en plus». Vous ne pouvez pas le dire à vos employés et encore moins aux prestataires qui vous sollicitent pour des investissements. En effet, vous risquez de répandre la rumeur que vous n’avez pas une bonne santé financière ce qui peut avoir des répercussions auprès de toutes les parties prenantes de votre entreprise. Il faut donc apprendre comment répondre aux sollicitations avec tact et surtout comment dire non au risque d’impacter la relation.

Savent-ils que vous ne vous êtes pas rémunéré (ou peu) depuis 2, 3 ou même 5 ans? Au fait, peut-être que cela ne revêt pas ou peu d’importance pour eux, il revient néanmoins à vous de protéger votre actif pour éventuellement regagner le terrain perdu financièrement et rétablir VOTRE propre santé financière avant celle d’autrui.

Dire non à ses clients

Les dernières personnes que vous allez inéluctablement décevoir ce sont vos clients. Dans une société où des attentes sont de plus en plus ciblées, il est de fait de plus en plus difficile de satisfaire tout le monde.

Biologiques, locaux, sans gluten, sans sulfites, sans édulcorants, sans arachides, sans sucres, végétaliens, paléo, keto, écologique… les exigences sont énormes et quand vous êtes une petite entreprise, avec une petite équipe et des finances modestes il est impossible de toutes les adresser. Les clients n’ont aucune idée du coût et de l’organisation nécessaire pour obtenir une certification et d’arriver, malgré tout, à proposer des produits à prix compétitifs.

Vous allez devoir choisir une ligne directrice et des valeurs sur lesquelles vous allez ancrer solidement votre vision. Puis vous devrez exposer cette vision pour répondre aux sollicitations de vos clients et non modifier votre vision pour rencontrer leurs attentes. Si vous faites l’erreur de vouloir toutes les adresser, vous perdrez du temps, de l’argent, votre identité et finalement des clients.

Mettre en avant des arguments pointus tels que le sans gluten ou le végane par exemple, peut décourager les clients « traditionnels» d’acheter vos produits en se disant que ce n’est pas un produit pour eux, que c’est un produit pour régime spécial… En vous rapprochant d’une demande, vous risquez ainsi de vous éloigner d’une autre.

Comment dire non ?

Pour pouvoir dire non, maintenir ses relations intactes (ou presque) et rester crédible, vous devez être forts, personnellement d’une part, mais aussi et surtout dans votre respect et sauvegarde des valeurs et des buts qui animent votre entreprise. Vous devez avoir une vision claire de votre identité, de la direction que vous voulez prendre, des clients que vous avez choisi d’adresser.

Il sera alors plus simple de dire : non, ce n’est pas compatible avec ma vision ou, non, ce n’est pas compatible avec la planification du développement de mon entreprise. On accepte toujours plus un non lorsqu’il est ferme et étayé.

C’est le milieu des affaires : tant la famille que les employés que le mentor ou le conseiller bienveillant vont à un moment ou un autre, mettre leurs intérêts devant les vôtres. Vous voulez pouvoir compter sur eux à tout prix mais au final, vous pourriez être déçu de constater des motifs personnels derrières des propos de bienveillance. Une fois de plus, il n’en tient qu’à vous de veiller à vos propres intérêts et à ceux de votre entreprise, je ne le répéterai jamais assez souvent!

Enfin, rentrer dans le jeu de la justification n’est pas toujours sain. Il faut donc aussi apprendre à dire non, sans exposer de raison, rester fort face aux réactions et assumer. Il est toujours utile de prendre en compte les conseils extérieurs, mais au final, vous serez toujours seul à en assumer les conséquences. C’est cela la dure réalité de l’entrepreneuriat : prendre des décisions, seul, et les assumer quoiqu’il en coûte. Car au final, tous ces employés et associés, ils ont continué leur chemin ailleurs, et moi, je suis toujours là… à veiller sur La Fourmi.

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