Les péripéties d’une entrepreneure qui voulait devenir mère…

En 2004, alors que je démarrais mon entreprise, j’ai assisté à de nombreuses tables rondes de femmes entrepreneures dont plusieurs d’entre-elles étaient aussi maman. Je me demandais comment elles parvenaient à concilier maternité et gestion d’une entreprise. Pour ma part, j’assumais seule toutes les fonctions dans mon entreprise : du développement d’affaires à la comptabilité en passant par la production, l’administration, la livraison, le marketing, etc. De plus, ma situation financière était bien précaire et je ne me suis pas versée de rémunération de ma société pendant plusieurs années. Je ne voyais donc pas bien comment j’aurais pu trouver le temps de m’occuper d’une petite famille.

Ce que j’avais également constaté à l’époque, c’est que ces femmes entrepreneures étaient épaulées par leurs conjoints au sein de l’entreprise et que ceux-ci avaient sans doute pu prendre les devants dans les moments critiques. Mais fonder une famille un jour était pour moi un projet de première importance et je me suis mis à réfléchir à comment je pouvais m’adjoindre un associé capable de prendre le relais lorsque le moment viendrait de prendre une certaine distance avec l’entreprise et fonder un foyer.

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Trouver un associé

En 2005, j’ai trouvé quelqu’un qui a commencé à travailler à temps partiel au sein de mon entreprise. De fil en aiguille, je lui ai confié de plus en plus de responsabilités en lui faisant miroiter une association potentielle. Tout cela dans l’espoir de pouvoir compter sur un bras droit pour m’épauler dans les moments difficiles, veiller sur ma société lorsque je ne serai pas en mesure de le faire, partager les joies et les défis de l’entrepreneuriat. Je n’aurais plus alors été seule devant la lourde tâche de faire survivre et développer mon entreprise, notamment au moment de vivre mon projet familial.

Pour moi, c’était une démarche sur le long terme. Mais en 2006, elle m’informe envisager de quitter l’entreprise au moment de fonder sa famille. J’espérais alors qu’elle changerait d’idée avec le temps, après tout, elle n’était pas encore enceinte, tout me semblait possible.

C’est alors que j’ai commis les trois plus importantes erreurs de mon parcours entrepreneurial. Avec la survie à court terme de mon entreprise en tête, j’ai pris une décision que j’allais amèrement regretter pour les dix prochaines années : je me suis associée avec quelqu’un qui avait l’intention imminente de quitter la société. Plus important encore, je n’ai pas prévu de clause de divorce. Pour finir, je m’étais engagée à augmenter son salaire pour l’aider à rembourser un prêt qu’elle avait contracté pour l’entreprise, et ce, sans prendre en compte la capacité financière de la société.

  • Erreur numéro 1 : Prendre une décision stratégique de façon hâtive en ayant seulement le court terme en tête et sans étudier toutes les autres solutions potentielles.
  • Erreur numéro 2 : Ne pas prévoir de clause de divorce avec un associé.
  • Erreur numéro 3 : Offrir des salaires supérieurs à la capacité financière de l’entreprise.

Quelques années plus tard, à la fin 2008, l’inévitable arrive enfin et mon associée m’annonce être enceinte et quitte l’entreprise de façon définitive en tant qu’employée trois mois plus tard. J’ai trouvé cette période très difficile, les événements se bousculaient et j’ai bien compris que je n’aurais alors plus de backup pour mon projet familial.

Trouver un Plan B et un Plan C…. Rapidement…

En 2012, je tombe enceinte. Je dois alors recruter une personne rapidement, à 7 mois de mon accouchement. Cette personne a accepté de joindre les rangs de l’entreprise et de prendre le relais pendant mon congé de maternité. Ça se passe assez bien, vu les circonstances.

Puis je tombe à nouveau enceinte en 2014, et là mon backup quitte l’entreprise à mon troisième trimestre…Je décide alors de laisser le poste vacant et je me dis que je vais assumer la direction générale pendant que je m’occupe de mon nouveau-né. Ça se passe moins bien.

Pour la troisième grossesse en 2017, j’avais quelqu’un de solide en place depuis le printemps 2016 et qui connaissait bien l’entreprise et l’équipe. On peut dire que c’était enfin le scénario idéal.

En résumé, je n’ai pas connu le scénario parfait : trouver LA personne qui allait être à mes côtés de façon permanente et me servir de backup pour mes trois grossesses. J’ai dû composer avec des déceptions, des imprévus et de nombreuses démissions pendant mes grossesses et suite à mes accouchements. Mais j’ai aussi eu d’agréables surprises, des gens qui ont pris plus de responsabilité et qui ont soigneusement veillé sur l’entreprise.

Comment ça s’est passé au quotidien?

J’ai pu prendre un congé plus long à ma première grossesse et travailler à temps partiel très longtemps. J’ai travaillé quelques jours après mon deuxième accouchement à partir de la maison et je faisais mes rencontres dans mon bureau à la maison. Et pour le troisième bébé, j’ai travaillé à temps partiel de la maison après l’accouchement et j’allais au bureau une fois par semaine. J’ai allaité mes trois enfants donc j’avais ma gardienne et mon bébé au bureau : j’ai interrompu de nombreuses réunions pour aller allaiter.

Heureux dénouements

Au moment de vous écrire ces lignes, je n’ai aucun regret : je suis la maman comblée de trois beaux enfants : Alicia, Octavia et Sandro. Et à la fin 2015, j’ai enfin réussi à racheter les parts de mon ex-employée.

Ce que je peux vous dire surtout, avec toute ma résilience d’entrepreneure, c’est que je suis passée au travers. J’ai eu le privilège d’avoir plusieurs employés et collaborateurs bienveillants sur mon parcours qui ont tous su contribuer à leur façon à l’avancement de La Fourmi et je leur suis très reconnaissante.

Je ne peux pas vous donner de recette parfaite sur comment faire pour concilier le fait d’être entrepreneure et maman. Y en a-t-il seulement une? On a beau essayé de préparer le terrain, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Malgré tout, je suis la preuve qu’il est possible d’avoir des enfants même si on est seule à la tête de son entreprise, mais il faut avoir les nerfs solides, car le parcours peut s’avérer imprévisible et éprouvant…

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